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Animaux

Serpents en O : tout savoir sur les ophiures

Gros plan sur des oursins avec longues branches sur le fond sableux

Le nombre d’espèces d’ophiures dépasse celui des étoiles de mer, mais leur diversité reste largement ignorée en dehors des laboratoires spécialisés. Malgré plus de 2 000 espèces recensées à ce jour, leurs modes de vie et leurs adaptations spécifiques échappent encore à une classification simple.

Certaines ophiures peuvent se régénérer après avoir perdu plusieurs bras, tandis que d’autres survivent dans les profondeurs où la lumière ne pénètre jamais. Leur présence, discrète mais essentielle, façonne l’équilibre des écosystèmes marins du globe.

Ophiures : qui sont ces étonnants serpents des mers ?

Face à elles, difficile de rester indifférent. Les ophiures intriguent par leur allure singulière et leur discrétion sous-marine. Ces échinodermes, proches parents des étoiles de mer, partagent le même habitat mais tranchent par leur morphologie : imaginez un disque central robuste, duquel s’échappent cinq bras effilés, flexibles et mobiles, capables de véritables acrobaties ondulatoires.

Leur nom, issu du grec ophis (serpent), n’a rien d’un hasard. Les bras agiles serpentent entre les roches, couverts parfois de fines épines ou de soies, toujours prêts à explorer. Les mouvements sont rapides, précis, loin de la lenteur attendue chez les étoiles de mer. Cette différence saute aux yeux de l’observateur curieux, témoin d’une évolution silencieuse mais efficace.

Les ophiuroides élisent domicile dans des milieux variés : côtes atlantiques, fonds méditerranéens, interstices rocheux ou tapis de sédiments. Leur disque central, souvent bardé de plaques calcaires, abrite les organes principaux tandis que les bras sondent l’environnement à la recherche de nourriture. Elles se faufilent, passent inaperçues, mais jouent un rôle discret et constant dans la vie marine.

D’après l’Ifremer et les recherches de Sabine Stöhr, la variété des familles et ordres d’ophiures dépasse désormais deux mille espèces. Un foisonnement d’adaptations, reflet de l’inventivité du vivant sous la surface.

Des caractéristiques fascinantes qui distinguent les ophiures des autres échinodermes

Ce qui frappe chez les ophiures, c’est la séparation nette entre le disque central et les bras articulés. Ce centre, compact, est souvent recouvert de plaques calcaires. Les bras, eux, sont fins, segmentés, presque filiformes, capables de souplesse et de mouvements coordonnés. Ce mode de déplacement ondulatoire, vif, tranche clairement avec la rigidité des étoiles de mer.

Le système ambulacraire, qui caractérise les échinodermes, s’exprime ici de façon discrète. Les pieds ambulacraires interviennent peu dans la locomotion ; ce sont les bras qui assurent l’essentiel du déplacement, se tordent, s’enroulent, se détachent même en cas de menace. Cette capacité à régénérer un bras perdu force l’admiration : selon l’espèce et l’environnement, la repousse peut s’effectuer en quelques semaines.

Autre particularité : l’absence d’anus. Chez les ophiures, les déchets sont rejetés par la bouche. Ce détail anatomique intrigue les zoologistes et ouvre le débat sur l’évolution de ces animaux. Leur face dorsale, souvent hérissée de petits piquants, contraste avec la face ventrale dédiée à la locomotion et à l’alimentation.

Voici ce qui les distingue concrètement des autres échinodermes :

  • Disque central bien distinct
  • Bras très mobiles et régénérateurs
  • Déchets expulsés par la bouche
  • Système ambulacraire réduit

Les chercheurs, parmi lesquels Sabine Stöhr (voir le European Journal of Taxonomy), soulignent à quel point la diversité des plans corporels témoigne de l’adaptabilité des ophiuroides. Les études de l’Ifremer mettent en avant l’impact de ces différences sur la classification des espèces, du genre Ophiothrix à l’étonnant serpent ophioderma longicauda.

Quelles espèces d’ophiures peut-on rencontrer et où vivent-elles ?

Les eaux européennes abritent l’élégante Ophiothrix fragilis, reconnaissable à ses bras minces hérissés de piquants colorés. Cette espèce, fréquente sur les côtes atlantiques et méditerranéennes, forme parfois de véritables tapis sur les fonds rocheux ou dans les herbiers. Ophiura ophiura, avec son disque brun-rouge et ses bras lisses, préfère les fonds sableux ou vaseux de la Manche et de l’Atlantique Nord. Plus discrète, Ophiocomina nigra se démarque par sa teinte sombre et sa faculté à occuper des substrats variés, de la Bretagne à l’Indo-Pacifique.

La palette des ophiures s’étend à tous les océans. Certaines recherchent la lumière des côtes, d’autres s’enfoncent dans l’obscurité des abysses. Les ophiures gorgonocephales, impressionnantes par la complexité de leurs bras ramifiés, s’installent sur les reliefs sous-marins profonds. Ophioderma longicauda, quant à elle, s’observe sur les côtes rocheuses de Méditerranée, sortant la nuit pour se nourrir, cachée le jour sous les pierres.

Voici quelques exemples d’espèces et de leur habitat privilégié :

  • Ophiothrix fragilis : côtes atlantiques et méditerranéennes, fonds rocheux et herbiers
  • Ophiura ophiura : fonds sableux, Atlantique Nord, Manche
  • Ophiocomina nigra : substrats variés, Europe occidentale jusqu’à l’Indo-Pacifique

Les milieux marins fréquentés par les ophiures illustrent parfaitement leur résilience. De la vasière profonde aux récifs côtiers, chaque espèce module son environnement, façonne la microfaune et contribue à l’équilibre des écosystèmes benthiques. Les données de l’Ifremer confirment cette capacité d’adaptation et d’influence sur le vivant.

Oursins entrelacés parmi coraux et rochers en eaux profondes

Le rôle écologique des ophiures : pourquoi sont-elles essentielles à la vie marine ?

Dans l’ombre des fonds marins, les ophiures accomplissent un travail de fond. Véritables décomposeurs, elles transforment les moindres recoins en chantiers biologiques actifs. En remuant la vase, elles aèrent les couches superficielles, favorisent la circulation de l’oxygène et accélèrent la décomposition des débris organiques. Ce brassage est vital pour le recyclage des nutriments et la santé des écosystèmes.

Leur alimentation est variée : tout ce qui tombe à leur portée finit exploité, des débris aux micro-organismes en passant par les restes de crustacés. Par cette activité incessante, elles limitent l’accumulation de matière morte et influencent la structure même des sédiments, contribuant à la régulation des populations benthiques.

Mais leur rôle ne s’arrête pas au recyclage. Les ophiures alimentent le réseau trophique : poissons plats, crabes, étoiles de mer ou céphalopodes les intègrent au menu, en particulier là où leur densité atteint des sommets. Cette abondance les rend indispensables à la dynamique des fonds marins, chaque individu participant à la chaîne de renouvellement.

Leur capacité à coloniser aussi bien les zones littorales que les grands fonds témoigne d’une adaptabilité hors du commun. Présentes en nombre dans des milieux très divers, elles occupent un rang stratégique dans la mécanique océanique, de l’Atlantique à la Méditerranée, comme le rappellent les relevés de l’Ifremer et les études de Sabine Stöhr.

Sous la surface, les ophiures poursuivent leur œuvre, invisibles mais incontournables. La prochaine fois que l’on songe à la vie marine, il vaudra mieux ne pas oublier ces « serpents en O » : sans elles, les équilibres sous-marins ne tiendraient pas longtemps.

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